Forêt filtrante
Joigny
Forêt tampon entre la pente du ruissellement des produits phyto des vignobles et les terrains plus plats des vergers familiaux, puis de l'habitat, puis rivières, nappes souterraines et l'Yonne.
L'intérêt est de jouer jusqu'au bout la vocation de filtration de cette parcelle et de laisser cette mini forêt de régénération naturelle en rajoutant des essences supplémentaires connues pour leurs vertus filtrantes (saule, peuplier, aulne, frêne)
Parcellaire ZH 132
Forêt de 6540 m2.
Projet 2025
Situation : Le terrain en espace boisé situé entre les deux chemins en dessous des vignobles et coupé par la desserte qui rejoint le chemin de la voie grasse à mi-chemin entre "Bois du verger de la mouchette" et "Forêt qui retient la colline".
Adresse : Lieu dit La voie profonde
Cadastre : ZH132
Superficie : 6 ares et 56.4 ares soit 6540 m2 (5640m2 pour 132)
Type : Terrain en pente, boisé, séparant les vignobles de l'ensemble des jardins et vergers où se trouvent la mouchette puis des habitats. Non entretenu, Raoul Hauser de l'ONF parle de fourré inextricable.
Les parcelles se décomposent ainsi :
Une parcelle 132 de mini forêt en régénération naturelle sur 5600 m2 avec un fort décrochement de relief en partie haute qui nous interroge sur des terrains en terrasse ou une ancienne carriere.
Une parcelle 131 qui a une forme avec son bloc et sa servitude le long du chemin identique à celui d'une réserve d'eau, ou autre.
On peut parler d'un simili taillis avec pour la partie au-dessus du chemin saule, érable champêtre, aubépine érable sycomore, Cornouillers et pour la partie en dessous du chemin pruniers, sureau, cerisiers, noyers ; sans doute un ancien verger.
Destination : Il s'agit d'une zone tampon entre la pente du ruissellement des produits phyto des vignobles* et les terrains plus plats des vergers familiaux, puis de l'habitat, puis rivières, nappes souterraines et l'Yonne. L'intérêt est de jouer jusqu'au bout la vocation de filtration de cette parcelle et de le laisser en mini forêt de régénération naturelle. Raoul Hauser précise que la diversité des espèces filtre différemment et Nadine Le Moing précise que l'on voit naturellement des étages se faire allant entrainer des nouvelles essences arrivantes.
Des expériences de plantation d'essences supplémentaires seront effectuées avec saule, peuplier, aulne, frêne (Voir Pôle boisement complémentaire).
*Les vignobles conventionnels sont extrêmement polluants, la Loire est à ce jour l'un des fleuves les plus pollués d'Europe en raison de son histoire viticole. Patrick Frémeaux et la société Frémeaux & Associés ont rachetés des vignes à Coteaux sur Loire, Appellation Bourgueil dans le but écologique d'une conversion biologique qui a commencé en 2021 contrôlé par EcoCert.
Conditions : ORE 75 ans ou 99 ans. A faire classer refuge LPO. CMV pour parcelle 132
Commentaires : Avec 0.56 hectares et un possible de couvert d'arbres de 5 mètres, on peut prétendre à y installer une forêt aux normes FAO (Food and Agriculture Organization de l'ONU). La parcelle 131 connexe à la 132 doit rester la propriété de la ville et son rôle sans doute lié avec l'agriculture doit être éclairci.
Conditions opérationnelles souhaitées :
Projet basé sur les visites et les avis de Raoul Hauser (expert forestier ONF, chargé de la forêt domaniale de la forêt d'Othe), Sophie André Bardot (Ex-cheffe de culture des jardins du côteau, spécialiste des sols et culture), Nadine Le Moing (Associée et Comité scientifique FCA, Ecologeek), CoPi FCAJ Parcellaire, Clara Muehlethaler (Associée FCA), CoPi FCAJ Parcellaire et moi-même Patrick Frémeaux (Gérant associé FCA), CoPi FCAJ Parcellaire.
FCAJ opèrent la sanctuarisation et le boisement d'espèces complémentaires dans un but de filtration.
Le service des espaces verts de la ville veille à couper et faucher les bords des chemins et à débiter et évacuer les éventuels arbres morts en mitoyenneté qui tomberaient sur les chemins de dessertes.
Photo : Vue du milieu de la parcelle 132 vers la parcelle 131. Au fond les résineux sont le bois du verger de la Mouchette qui appartiennent pour 2/3 à Forêts et Campagnes d'Avenir et pour 1/3 à Gérard Calmus .
Pourquoi la forêt filtrante ?
La forêt est un formidable filtre pour l'eau
Grâce aux branchages de la canopée, au tapis forestier et à leurs réseaux de racines, les arbres jouent un rôle majeur dans la circulation et la filtration de l’eau. Après être tombée au sol, l'eau ruisselle le long des racines puis vers les nappes phréatiques et les rivières : au cours de ce cheminement, les arbres la filtrent et rendent un précieux service à l’environnement et aux Hommes. (ONF)
Le sol forestier est un purificateur :
Grâce à l'activité des bactéries, champignons et petits organismes, le sol forestier est riche et préservé de la pollution. Ces micro-organismes recyclent les composés minéraux et organiques contenus dans l'eau de pluie qui se retrouvent dans les sols et participent à la filtration de l'eau.
C'est cet univers, riche de mécanismes complexes et de processus chimiques qui donnent à l’eau ses qualités tout en la débarrassant d'éventuels polluants. Dans nos régions, les boisements jouent ainsi un rôle épurateur. Les racines des arbres constituent un immense réseau de micro cavités de drainage vertical et horizontal. Ce système permet aux eaux de surface de s'écouler, elles seront réabsorbées par la végétation ou elles se dirigeront vers les nappes souterraines.
En bénéficiant du fonctionnement spécifique des écosystèmes forestiers qui assurent une filtration efficace à travers le système racinaire des arbres, ou grâce à l'activité des micro-organismes et des insectes, et dans un contexte de forêt non soumis à l'usage d'intrants (politique de zéro produit phyto en forêt publique et FCAJ CMV), l'eau polluée initialement par les produits phytosanitaires des vignes va retrouver des caractéristiques d'eau assainie et de rejoindre les ruisseaux et rivières qui alimentent le réseau hydraulique des territoires, et l'ensemble des terrains et habitas dans la partie nord est de Joigny.
Lors de fortes précipitations, le volume d'eau qui arrive brusquement sur cette forêt est ainsi réduit et étalé dans le temps : le débit des cours d'eau est régulé. Les risques d'inondations sont alors plus limités. (ONF - FCAJ)
Explication
La filtration de l'eau contaminée par des produits phytosanitaires provenant des cultures conventionnelles à travers les bois et forêts est un domaine de recherche en expansion. Les forêts et leurs écosystèmes, notamment les systèmes racinaires, jouent un rôle crucial dans la purification de l'eau grâce à plusieurs processus naturels.
1. Rôle des forêts dans la filtration de l'eau
Les forêts et les sols forestiers agissent comme des filtres naturels pour l'eau de pluie et les eaux de ruissellement. Ils captent les polluants tels que les nitrates, les phosphates, les pesticides et les métaux lourds avant que ces substances n'atteignent les nappes phréatiques ou les cours d'eau.
- Canopée et litière forestière : La canopée des arbres réduit la force du ruissellement, permettant à l'eau de s'infiltrer plus lentement dans le sol. La litière forestière, composée de feuilles et d'autres matières organiques, agit comme une première barrière en retenant les polluants.
- Sol forestier : Le sol des forêts est riche en matière organique et en micro-organismes qui décomposent les contaminants, notamment les produits phytosanitaires. Les sols forestiers possèdent une grande capacité de rétention d'eau et ralentissent la migration des polluants, offrant plus de temps pour la dégradation naturelle de ces produits.
2. Le rôle des racines dans la filtration
Les racines des arbres jouent un rôle important dans la filtration de l'eau et l'absorption de polluants :
- Absorption des polluants : Les racines des arbres peuvent absorber certains produits chimiques présents dans les pesticides et les phytosanitaires. Certains arbres, comme les saules ou les peupliers, sont utilisés dans la phytoremédiation, une technique visant à dépolluer les sols et les eaux en utilisant les plantes.
- Stabilisation du sol : Les systèmes racinaires profonds stabilisent les sols, réduisant l'érosion et empêchant les produits phytosanitaires de se disperser rapidement dans l'environnement.
- Favorisation de la dégradation microbienne : Les racines interagissent avec les micro-organismes présents dans le sol, qui dégradent les pesticides. Les exsudats racinaires (substances sécrétées par les racines) stimulent la croissance de bactéries et de champignons capables de décomposer les contaminants organiques.
3. Dégradation des produits phytosanitaires :
Certaines études montrent que les forêts contribuent à la dégradation des produits phytosanitaires, mais cela dépend de plusieurs facteurs, tels que la composition chimique du produit, le type de sol et d'arbres, ainsi que les conditions climatiques. Par exemple, des composés organiques persistants comme les pesticides organochlorés peuvent s'accumuler dans les sols forestiers et résister à la dégradation naturelle.
4. Limites et défis :
Bien que les forêts et leurs racines puissent réduire la charge en produits phytosanitaires dans l'eau, certaines limites existent. Les sols peuvent se saturer en contaminants, et certains produits chimiques peuvent être trop persistants pour être dégradés efficacement. Par ailleurs, l'efficacité de la filtration dépend de la composition des écosystèmes forestiers et de leur capacité à absorber ou décomposer les produits chimiques.
En conclusion, les forêts, et en particulier les racines des arbres, jouent un rôle crucial dans la filtration et la dégradation des produits phytosanitaires, mais l'efficacité varie en fonction de nombreux facteurs environnementaux et chimiques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes spécifiques et améliorer la gestion des terres agricoles adjacentes aux zones forestières.
Quel apport de FCAJ Forêts et Campagnes d'Avenir à l'existant ?
Pôle communication :
A l'aide de la signalétique des panneaux ronds, et d'un grand panneau (comme au Verger de la Mouchette) reprenant les éléments ci-dessus et l'explication du programme de sauvegarde du vivant par FCAJ, il va sensibiliser les promeneurs, et la population, ainsi que les viticulteurs de l'interdépendance écosystémique du territoire. le panneau sera situé sur le futur circuit de la CMV (Ceinture Mosaïque Verte).
Pôle boisement complémentaire :
FCAJ veut planter un certain nombre d'essences complémentaires.
En Bourgogne, certaines essences d'arbres sont particulièrement efficaces pour la filtration de l'eau et la dépollution des sols, notamment en ce qui concerne les produits phytosanitaires.
Voici quelques-unes des essences les plus couramment étudiées, utilisées et préconisées par FCAJ :
1. Saule
Le saule est souvent utilisé pour la phytoremédiation, car il présente une capacité exceptionnelle à absorber et à métaboliser des polluants, notamment des métaux lourds et des produits phytosanitaires. Ses racines profondes stabilisent le sol et facilitent l'infiltration de l'eau. Il pousse bien dans des zones humides, et on le retrouve souvent près des rivières et dans les zones ripariennes.
2. Peuplier
Les peupliers sont également largement utilisés dans la phytoremédiation grâce à leur croissance rapide, leur système racinaire profond et leur capacité à absorber des quantités importantes d'eau et de polluants. Ils sont efficaces pour la filtration des eaux de surface contaminées par des produits chimiques et pour la dégradation de certains pesticides.
3. Frêne
Le frêne, en raison de son système racinaire relativement profond, peut stabiliser les sols et limiter l'érosion tout en permettant l'infiltration de l'eau. Il est également connu pour soutenir des écosystèmes microbiens qui participent à la dégradation de certains polluants.
Essences locales en Bourgogne :
Dans l'Yonne, les forêts sont souvent constituées de chênes, de hêtres, de frênes et d'aulnes, ce qui en fait une région bien équipée pour la filtration des eaux contaminées. L’introduction de peupliers et de saules sur ce projet de forêt filtrante pourrait également améliorer la capacité de dépollution, et éventuellement des chênes et des frênes pour contribuer davantage à la stabilisation des sols et à la réduction du ruissellement.
4. Aulne
L'aulne est un arbre pionnier qui tolère bien les sols pauvres et humides. Il a la capacité d'enrichir le sol en azote grâce à une symbiose avec des bactéries fixatrices d'azote (Frankia). Cet arbre favorise la dégradation des contaminants dans les sols par son interaction avec les micro-organismes, en particulier dans les zones humides.
5. Chêne pédonculé
Le chêne pédonculé est une essence bien adaptée aux sols argileux et lourds, typiques de certaines régions de Bourgogne. Il possède un système racinaire profond qui peut capter les polluants présents dans les sols. De plus, sa canopée dense réduit le ruissellement des eaux contaminées, permettant une meilleure infiltration.
6. Orme
L'orme est un arbre présent dans les zones humides et les bords de rivières, ce qui le rend pertinent pour les écosystèmes où la filtration de l'eau est nécessaire. Il stabilise le sol et favorise une infiltration plus lente des eaux de ruissellement, ce qui permet une meilleure dégradation des polluants.